Des nouvelles...bonnes nouvelles

 

        Saurez vous-deviner la fin ?

 

Les élèves de 3ème 2 ont travaillé sur le genre de la nouvelle à chute, un récit bref qui se clôt sur une fin inattendue. Ils se sont ensuite transformés en jury pour élire les meilleures d’entre elles. A ceux qui aiment lire et être étonnés, je propose notre palmarès avec les deux nouvelles qui ont remporté le plus de suffrage :


 

Le bal du samedi soir, Océane Rouméas, 3ème Mandela

              Tenga se sentait comme étouffée, oppressée par la foule qui s'agitait dans tous les sens autour d'elle. Ses amies l'avait convaincue d'aller, comme tous les samedis soirs au Dunlop, la boîte où elles se rendaient régulièrement. Mais ce soir-là, elle avait tout remis en question, cette routine, revoir tous le temps les mêmes choses, toutes ces personnes qui se ressemblaient et étaient habillées de la même façon. Pourtant la veille elle avait tenté d’innover et de trouver une tenue pour qu'on la remarque et qu'elle soit cette fois-ci différente, à croire qu'on l'espionnait pour s'habiller de la même manière qu'elle.

            Elle se faisait bousculer d'un côté à l'autre dans cette boîte presque obscure. Quand elle était rentrée dans cet espace exigu, elle sentait des mains moites la toucher. Bien entendu, pour couronner le tout, elle s'était trompée de file et avait perdu ses amies. Elle n'avait presque plus le goût de s'amuser, elle ne pouvait quasiment plus supporter la musique tonitruante, qu'ils mettaient toujours en début de soirée pour échauffer le public.

            Les jours précédents elle était pourtant « gonflée à bloc » en pensant à la fin de semaine, mais là, elle se disait que ça n'était pas sa soirée. Elle décida donc de sortir pour prendre l'air.

            Quand Tenga pointa le nez dehors, elle fut aveuglée par la lumière extérieure, elle était presque éblouie par la couleur de sa robe qu'on pouvait voir de loin. Elle se sentait encore une fois laissée de côté.

            Quand elle se retourna, elle aperçut un jeune garçon qui venait vers elle. Tenga eut enfin un élan de confiance en elle, en pensant lui plaire. Il était plutôt chic et avait l'air tout à fait distingué, vêtu de blanc, avec son bandeau dans les cheveux. Cependant, il avait une mine fatiguée et semblait ne pas être tout à fait dans son état normal, il chancelait par moment et on pouvait aussi l'entendre râler.

Il l’attrapa et l'attira à l'écart de la boîte, il portait un médaillon avec inscrit dessus « Pierre-Antoine », probablement son prénom. Il la jeta une première fois à terre, ses vêtements tout neufs ne ressemblaient désormais plus à rien, salis par la transpiration et la violence soudaine de ce Pierre-Antoine. Il la relança en la frappant, elle était médusée par ce parfait inconnu et se sentait humiliée,  elle avait l'impression d'avoir rebondi des mètres plus loin. Elle atterrit devant un autre garçon sur ce terrain battu, il la renvoya vers son interlocuteur. Pierre-Antoine fit de même. L'un après l'autre ils se débarrassaient d'elle comme si c'était un jouet. Le deuxième garçon ne réussit pas à la rattraper. Tenga se laissa rouler jusqu'à un angle de mur, de nouveau laissée à l'abandon.

Soudain on entendit une voix crier :

- 15/0 ! Elle venait du bord du terrain de tennis.

            Pierre-Antoine prenait l'avantage et Tenga fut saisie par un ramasseur de balle. C'était la balle du samedi soir...
                                                                                                     
                                                             

 

 

 Seconde nouvelle  par Maya Cazalis, 3ème Mandela

            La vie s'écoulait paisiblement pour elles si légères, si fines, et si voluptueuses. Rien ne pouvait alors déranger cette douce quiétude. Le monde entier les adulait, les convoitait. Une toilette quotidienne et soignée leur était réservée. Ainsi revêtues de leurs plus belles parures, elles se laissaient choyer et bercer dans une joyeuse effervescence . Elles pétillaient et s'épanouissaient tel un joyau dans son écrin. Elles virevoltaient avec une innocence et une allégresse non dissimulées.

   Elles évoluaient entourées de leurs semblables avec lesquelles elles ne pouvaient entretenir aucun contact. Il en était ainsi : chacune s'observait, s'épiait même parfois sans pouvoir pour autant deviser entre elles. Chez certaines une rivalité se faisait ressentir.

   Les années s'écoulaient dans leur prison dorée où de sa hauteur le maître les protégeait fièrement. Petit mais robuste il était leur bienfaiteur, leur bouclier et à lui seul elles étaient entièrement dévouées. 

   Cependant, un matin, ce dernier ne put rivaliser contre les tumultes auxquels il fut confronté. Ses protégées, si fragiles, se mirent à trembler. Elles étaient secouées de part et d'autre. Le calme, jusqu’alors leur allié, disparut pour faire place à une indicible tempête. Elles furent en effet sorties de leur torpeur par des voix bruyantes qui les étourdirent. Impuissantes, elles furent plongées dans l'obscurité la plus complète. Le froid les saisit alors. Le temps leur parut une éternité. Elles restèrent ainsi à trembler et à paniquer suppliant leur maître de les sauver.

    Soudain, l'agitation redoubla. Une lumière aveuglante et des bruits incessants les glacèrent d'effroi. L'horreur se produisit : leur maître, déchu de ses pouvoirs protecteurs, fut brutalement saisi et sauvagement décapité les laissant ainsi désemparées face à leur funeste destinée. Les pauvres, terrorisées, durent se résigner et dans un ultime jaillissement périrent unies.

  Ce soir-là, une ambiance festive régnait dans la librairie. Guillaume Musso, invité de prestige, était à l'honneur . Les dédicaces terminées, on avait débouché le champagne qui coula à flots toute la soirée.

  • AH

    La nouvelle par la brièveté de son texte est une forme littéraire que je n'aime pas trop lire habituellement.
    Là, Tenga, tangua , m'a sidérée par le décalage ; je lis une histoire et j'arrive dans une autre ; depuis quand ? Je reviens au début et je relis encore et toujours avec le même plaisir.Un petit bijou.
    Champagne pour tout le monde ; là encore , au début, je n'y étais pas du tout ; le plaisir en littérature est d'être surpris .Merci et bravo

    il y a environ 8 ans
  • bravo

    Bravo ! C'est trop de la balle (du samedi soir)

    il y a environ 8 ans
  • Gaëlle

    Deux extraits surprenants et, pour le moins, inattendus.
    On se laisse emporter. On s'attend à une fin tragique et finalement ... SURPRISE !
    BRAVO.

    il y a environ 8 ans

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